
Jean de Marconville et la « Querelle des femmes »
Ce texte fut originellement écrit dans le cadre d’un séminaire sur les femmes et la littérature à la Renaissance, dirigé par Catherine Magnien (équipe de recherche CLARE), à l’Université Michel de Montaigne (Bordeaux 3).Au XVIe siècle, la « Querelle des femmes » constitue l’un des terrains d’affrontement rhétorique les plus appréciés par les écrivains : le sujet détermine la publication d’une importante littérature qui, liée à des considérations sociales importantes, peut aussi rentrer dans la catégorie du jeu et de la posture, l’habileté du discours se substituant alors à l’intérêt véritablement porté à la thématique abordée.
Il n’est guère étonnant que les compilateurs se soient également emparé du sujet, afin d’en proposer une vue globale ; Jean de Marconville constitue, dans ce contexte, un exemple intéressant à étudier. Nous ne disposons que peu d’indications sur la vie de ce lettré. Les bibliographes des siècles suivants indiquent que, né vers 1530, cet écuyer passa sa vie dans ses gentilhommières du Perche, ne prenant aucune part active aux dissensions qui désolaient encore la France. Catholique sincère […] il n’était point fanatique et condamnait toute persécution contre ceux qui ne suivaient pas la même religion que la sienne[1]. » Ce retrait dans la campagne, propice à la réflexion et à l’écriture, rappelle Montaigne[2]. L’homme a des intérêts très variés, qu’il aime à honorer dans la rédaction d’ouvrages divers, ce qui fait de lui un polygraphe, et de compilations. Au XVIIIe siècle, Marconville est considéré comme « fort peu connu […] quoiqu’il ait composé un assez nombre d’Ouvrages, qui, [s’ils] ont quelque mérite », sont surtout recherchés par les bibliophiles[3]. De nos jours, les seiziémistes se réfèrent à son œuvre de manière marginale, excepté dans le cas de l’étude des recueils d’histoires merveilleuses, et de ce qui nous intéresse, à savoir la Querelle des femmes, faisant alors volontiers référence à De la bonté et mauvaistié des femmes[4].
Dans cet ouvrage, Marconville ne procède pas à une véritable argumentation, mais fait alterner les points de vue dans deux grandes parties antithétiques, en utilisant une foule d’exemples issus de sa culture humaniste[5], des images bibliques aux illustrations plus contemporaines de noblesse (« Christine de Pisan », « Marguerite de Valois Royne de Navarre[6] ») et d’abjection féminines. On remarque dès l’incipit que le traité tient beaucoup de l’histoire merveilleuse[7] ou tragique, genres en plein développement à l’époque, et que Marconville a lui-même illustrés dans d’autres ouvrages ; il ne s’agit donc pas d’un essai théorique. Ce style des histoires merveilleuses, il apparait également dès la préface « au lecteur débonnaire » d’un autre livre de Marconville, De l’heur et malheur de mariage[8] : ensemble les lois connubiales de Plutarque traduictes en françois : il annonce qu’il va évoquer les « plus celebres exemples de toute l’ancienne memoire de la loyauté connubiale ». L’auteur passe d’une histoire à l’autre en indiquant que la suivante sera « non moins prodigieuse que la précédente[9] », ou en développant à l’échelle du chapitre une gradation visant à toujours aller vers des cas plus surprenants (ce qui est plus perceptible dans la deuxième partie, où le vice s’accroit au fil des pages). De la bonté et mauvaiseté des femmes apparaît donc comme un recueil de scitu digna[10], présentés parfois sous la forme de la liste. Marconville suit un usage fort répandu dès la fin du XVe siècle, celui « d’insérer, dans les compilations, des listes de femmes savantes, de mulieres doctae[11] ». Il étend cette tradition à l’ensemble des thématiques abordables en ce qui concerne les femmes, dans un important travail de compilation et de recomposition.
Michel Simonin définit la compilation comme « une création qui s’accomplit dans la traduction, le plagiat […] la réécriture et le détournement de textes ou de genres familiers[12] », précisant que le fait de cacher ses sources est « une règle du jeu » de ce genre, même si des compilateurs comme Marconville prétendent parfois le contraire ; il écrit en effet en tête d’un autre ouvrage :
« laissant […] en la liberté de chascun d’appeller (s’il veult) ce traicté une rapsodie, ou recueil et amas de diverses histoires et authoritez, en quoy on ne luy fera point d’injure, car j’ay ce faict d’autant qu’elles m’ont semblé pouvoir satisfaire à ceux ausquels il n’est loisible de discourir tous les livres de ceulx qui les ont escripts. Et aussi à fin de ne frustrer personne de la gloire et louange qui luy appartient, j’ay tousjours mis les noms et les livres des autheurs que j’allegue, sachant que tous ceulx qui escripvent sont curieux et jaloux de leur honneur[13] »
Compilation, ce texte l’est sur plusieurs plans : d’une part parce qu’il accumule des exemples à partir de nombreuses sources ; d’autre part parce qu’il tire une bonne part de sa matière, et, par moments, de son style voire de ses expressions, d’autres auteurs, voire d’autres compilateurs. Richard A. Carr relève scrupuleusement dans son édition la diversité des sources, l’origine des références, les ressemblances entre les textes, ce qui permet d’apprécier l’ampleur des apports de grands devanciers tels que Boaistuau[14], parfois suivi sur de longs paragraphes. On note l’affection particulière pour Plutarque, au-delà même de l’intérêt nécessaire envers les Moralia – Marconville en était un grand lecteur, et une inspiration à la lecture de Rabelais[15]. Le travail (« d’Hercule[16] », le qualifie Marconville) de réécriture et de sélection passe par des omissions volontaires de faits, la suppression de certains traits atténuants, voire le détournement[17] ou travestissement d’une pensée.
Le recueil est-il, et a-t-il vocation d’être, un simple catalogue ? Marconville exprime ses intentions dans la dédicace, fort laudative[18], à Jacqueline Courtain, Dame de Loyselet, sur laquelle s’ouvre le livre :
« L’affection que j’ai de vous faire cognoistre le bien que je vous veux, car aiant cogneu qu’avez jusques ici suivy la vie Palladienne (c’est-à-dire contemplative) prenant plaisir à la lecture des livres, j’ai emploié le labeur de quelques jours à faire un recueil des vertus et vices des femmes pour vous en faire présent et le vous donner à voz estrenes[19]. »
Les termes utilisés sont clairs : « un recueil des vertus et vices des femmes ». Il ne s’agit pas expressément, du moins en apparence, de prendre une part active dans la querelle, mais de réaliser un ouvrage entier d’après la dichotomie classique entre les « cloaques et esgoutz de toute infamie »[20] que sont les femmes mauvaises – lesquelles, inverses des silènes, sont « belle bouete bien dorée par dehors, mais pleine de fange et d’immundices par dedans » et « peuvent entreprendre des choses que les plus cruels tyrans du monde auraient horreur d’exercer et excogitent des choses desquelles Sathan ne s’adviseroit pas[21] », et les femmes excellentes, au sujet desquelles l’auteur espère réaliser
« un plat bien fourny de toutes les excellences qui se peuvent retrouver au sexe foeminin, que plust il à Dieu que j’eusse louanges assez dignes pour les exalter, car ma voix ne s’en verroit jamais lasse[22]. »
Marconville suit un projet esthétique (il espère accorder son style à son noble sujet), et plaisant dans la mesure où il assouvit son irrépressible besoin de narrer des exemples merveilleux ou horribles à un lecteur pareillement friand ; mais il adopte une position morale, dans le sens où la présentation de la vertu est censée conduire la lectrice sur sa voie :
« Je ne delaisseray toutesfois (après tant de doctes plumes […]) de rédiger par escrit les plus rares excellences qui se retrouvent en ce sexe, afin que leur gloire soit toujours de plus en plus exaltée [et que leur] perfection reluyse toujours davantage[23]. »
Tandis que la mise en avant de personnages féminins horribles la dissuadera de se laisser porter (estime Marconville) par des penchants et des inclinations qui entraînent au mal. Le projet est donc conforme au placere et docere. Même si l’on peut considérer cette épître dédicatoire comme une convenance habituelle du temps, un « jeu littéraire qui intéresse surtout les dames[24] », il est difficile de tenir pour telle l’intention morale de l’auteur, effective, et pas seulement un prétexte à la collection d’histoires extraordinaires. L’écrivain revient sur chaque facette de la Querelle, en répertoriant les arguments (et contre-arguments) physiologiques (« sexe faible »), moraux (défauts et qualités), théologiques et religieux (voir plus haut), historiques, dans une succession de liens communs au fond peu original. La forme adoptée l’est davantage : le texte est composé de deux parties antithétiques, composées d’une manière symétrique remarquable[25], ce qui correspond à une tendance profonde du XVIe siècle, en rhétorique comme ailleurs, que résume l’apophtegme célèbre : opposita, juxta se posita, magis elucescunt, « en plaçant côte à côte les termes opposés, on les voit plus clairement ». Cette idée, souvent réalisée dans le cadre d’un discours ou d’une courte argumentation, peut se retrouver aussi dans des traités entiers[26] ; celui qui nous intéresse ici est un bon exemple.
Les deux parties sont séparées : comme l’écrit Michael Andrew Screech, chacune est constituée d’une élaboration rhétorique minutieuse « qui ne cherche nullement à tenir compte de l’argument développé dans l’autre déclamation : dans une partie, Guillaume Postel fait figure d’autorité, dans l’autre, de fou furieux[27]. » Cette dualité se retrouve dans les deux chapitres consacrés à la papesse Jeanne : louée au chapitre 4, elle fait l’objet au chapitre 15, qui en constitue une courte continuation dans la perspective adverse, d’une critique en règle. L’on a donc affaire à deux discours différents, semble-t-il ; la nouveauté du recueil est d’avoir été composé par un seul homme, alors qu’auparavant un auteur particulier traitait un des deux points de vue ; ce qui pose le problème de savoir où se situe Marconville lui-même par rapport aux deux positions opposées, ce qui n’est pas clair à la première lecture vu la nature de l’ouvrage, quelle que soit la partie considérée. Dans la première, Marconville procède à des retournements des arguments antiféministes, toujours en reprenant ou en s’inspirant de devanciers. Evoquant, dans le premier chapitre (consacré à l’origine des femmes), celui visant à justifier le mal par le péché des femmes (notamment, celui, originel, d’Eve), il y oppose une théodicée traditionnelle qu’il utilise pour valoriser le rôle des femmes dans le « plan divin » : « […] Car si Eve n’eut pas peché, comment eust été cogneue la gloire de Dieu, contre Sathan ?[28] », écrit-il avant de poursuivre que d’autre part « la semence de la femme brisera la teste de Sathan[29] ». Si c’est par l’influence des femmes que va advenir la résolution du problème du mal, c’est bien qu’elles jouent un rôle positif dans les impénétrables « voies divines ». Partant, « il ne faut […] plus crier que les femmes ont perdu et gasté le monde, car en cela les hommes sont bien plus à blasmer [du fait de leurs] desordonnez appetits [de] pauvres bestes insensées » ; la réévaluation du rôle de la femme est indissociable de l’évocation des faiblesses et bassesses du genre masculin lui-même. Par conséquent,
« […] ce que les Misogynes […] pensoient faire pour eux à l’encontre des femmes est tourné à la louange et exaltation d’icelle. [Le péché originel est] l’heureuse faulte et transgression, qui a mérité d’avoir un tel Redempteur[30]. »
On s’attendrait à ce que Marconville s’arrête là ; or, il ajoute que, concernant le péché originel,
« les hommes […] meritent beaucoup plus grand blasme et sont plus coulpables de s’estre laissé séduire à la personne du foeminin sexe, et en reçoivent grand reproche d’autant que l’homme est plus excellent et intelligent que la femme[31] ».
Ce genre d’assertions pose question, étant donné que dans l’ouvrage, Marconville défend, dans le cadre de cette même première partie, l’idée inverse, à savoir « que les femmes en toutes sortes de vertus non seulement egalent les hommes mais aussi les surpassent et devancent[32] », ce qui induit non seulement un problème de cohérence (qu’il serait sans doute trop facile de justifier en prenant pour prétexte la spécificité du travail de compilation, qui, en soi, n’empêche pas l’auteur d’harmoniser ses références et de donner sans ambigüité sa propre position), mais aussi une interrogation sur ce qui relève ou non de la pensée de Marconville, la limite entre citation, réécriture et exposé d’une considération personnelle étant souvent floue dans le texte[33]. L’on trouve donc bel et bien des critiques à l’intérieur de cette première partie, notamment une allusion au fait que « la femme qui use de l’habit viril est en abomination devant Dieu » et doit subir « anathème et excommunication[34] » ; on ne peut exclure une lecture ironique de certains passages et appréciations parfois à double tranchant, traduisant l’état d’esprit de l’auteur, mais d’une manière difficilement interprétable (ou repérable parmi les arguments d’autorité, la référence à l’histoire ou à la pensée, parfois plus ou moins adroitement détournée ou déformée selon le but cherché, des grands auteurs anciens et modernes[35]). Malgré certaines préfigurations de la deuxième partie (par exemple, dans le chapitre 4, qui aborde l’histoire légendaire de la « papesse Jeanne »), il est difficile d’entrevoir pourtant si le compilateur penche d’un côté ou de l’autre en déclamant les poncifs des gynophiles et misogynes. Ce qui est certain, c’est que Marconville ne minimise pas les apports bénéfiques des femmes célèbres. Il en dresse un long catalogue à travers la douzaine de chapitres consacrée à leur « bonté ». Déités (Isis qui enseigne l’agriculture ; Cérès qui apprend aux hommes à faire du pain, qui leur donne leurs premières lois), augures (Tanaquil), femmes des mythologies antiques (Arachne pour le tissage par exemple), sont célébrées avec une vigueur et un style parfois hyperboliques pour leurs « inventions foeminines […] que l’homme n’a pas dépassé » ; « qui ne serait ravi en admiration[36] » devant elles ? demande Marconville, qui multiplie les effets rhétoriques et se déclare volontiers émerveillé par tant d’inventivité. Faisant contrepoint à la traditionnelle expression des « grands maux » causés par les femmes, il intitule son chapitre 8 « Des grands biens qui sont venuz au monde par le moien des femmes. » De même, il utilise sa force rhétorique lorsqu’il reprend les propos de ceux qui s’insurgent contre les contempteurs du « sexe faible » : le dernier chapitre de la partie, plus long que les précédents, utilise l’exemple de saintes et de martyres pour les contrer, et s’achève non sans copia sur une apologie des figures citées jusqu’à ce point, à travers l’anaphore des interrogatifs « combien ? quantes ? quelles ? », et les phrases conclusives, caractérisées par la redondance de l’emploi d’intensifs :
« Cessent donques ces tant venimeuses langues qui par cy devant se sont entremises de tant blasmer et vituperer le tant noble sexe foeminin. »
On doit cependant noter que les deux plus longs chapitres du livre sont placés dans la deuxième partie. Et que les accumulations, hyperboles, effets rhétoriques et le nombre d’exemples semblent encore plus importants dans la seconde moitié de l’ouvrage. Mais n’est-ce pas lié à la visée morale[37], qui veut que le « repoussoir » soit encore plus efficace et persuasif que la partie visant à entretenir l’admiration ? Même s’il vaudrait mieux « pour la conservation de la commune honnesteté passer soubs silence telle infamie que de la descrire et manifester », le passage de l’excellence à l’« ord et immunde estable d’Augias » est nécessaire ; Marconville explique que son intention n’est pas de « souffler le chault et le froid[38] » ni de « tourner [sa] robe », mais, à l’instar des Physiciens, de « dire propriétés et vertus herbes, mais aussi de traiter les veneneuses et mortiferes », toujours dans le cadre moral. Dans ce cas, il s’agit moins de présenter un « dernier mot » misogyne, que de suivre, tout simplement, les recommandations rhétoriques[39]. Il parait aussi trompeur de prétendre que Marconville soutient davantage la deuxième partie, que d’affirmer l’inverse ; comme nous l’avons constaté, son jugement apparait surtout en incise dans l’ensemble du texte. S’il reprend les raisonnements de ceux qui disent des femmes que ce sont « des animaux très imparfaits et de dignité faible ou nulle par rapport aux hommes[40] », ce n’est pas pour les soutenir personnellement. Et si l’ouvrage s’achève sur des propos misogynes, à travers un poème par exemple[41], après une longue présentation des vices habituellement attribués au genre féminin (« légèreté volage », « curiosité superflue et superfluité curieuse d’habillements », « barbare cruauté », hérésie, « impudicité », « tendances à être vénéfique[42] »), ils ne témoignent pas forcément de la pensée de l’auteur, mais, comme ailleurs, de celle des misogynes. C’est à cause de l’absence d’une « conclusion générale » qu’existe l’ambigüité ; mais, justement, Marconville se refuse de la faire, laissant cela « à plus sçavant ».
En lisant en parallèle les passages qui, dans chaque partie, s’intéressent à la question de l’intelligence féminine, on se rend compte par exemple qu’il ne soutient au fond aucune des thèses adverses. Le problème, ce n’est pas que la femme serait finalement incapable d’être savante (ce qu’il nie[43]), c’est plutôt qu’elle est prompte à tomber dans une corruption et une dépravation possibles[44], et c’est finalement cet aspect moral qui semble plus intéresser l’auteur – de la même manière qu’il fait la défense de la « chasteté d’aucunes femmes comme première vertu requise en elles ».
Pour mieux comprendre où se positionne Marconville, il semble nécessaire de se reporter à ses autres ouvrages, et surtout à De l’heur et Malheur de Mariage, dont le ton est qualifié par les commentateurs actuels de misogyne[45]. Comme dans De la bonté et mauvaiseté des femmes, on assiste à l’alternance des extrêmes, entre le chapitre « du malheur de mariage quant on a rencontré une mauvaise femme, ou que l’on a de mauvais enfans », considéré par Michael Andrew Screech comme « le plus sombre […] de la littérature d[e ce] siècle[46] », et des considérations plus joyeuses – mais toujours tempérées – sur ce qu’est un bon mariage. « Contre deux canons de Gratien, qui proposent une honnête « fornication » », Marconville déclare qu’« une chose méchante est toujours méchante, quiconque la fasse[47] » ; le mariage, institué par Dieu, doit être respecté. Il a pour fonction de stabiliser l’ordre social[48] ; mais pour ce faire, la femme ne doit pas supplanter son mari, que ce soit en devenant riche (cela reviendrait à outrepasser son rang, à briser l’harmonie du couple et de la société[49]) ou en ayant des amants. Telle est la condition de l’amitié conjugale considérée comme idéale par l’auteur, qui affirme que « l’homme sage doit aimer par jugement sa femme et non par affection[50] », pour ne pas risquer d’être « corrompu » par l’appétit sexuel de la femme (jugé insatiable) qui « épuise et abaisse le mari[51] ». De la même manière, Marconville parle en son propre nom pour justifier l’exclusion des femmes de la sphère politique et de la direction des affaires de l’Église (souvenons-nous des chapitres sur la papesse), même s’il ne fait que reprendre à son compte une accusation on ne peut plus traditionnelle à l’époque[52]. Il s’agit d’une « nécessaire » remise à l’ordre, d’un contrôle de la part de l’époux. Il n’est pas étonnant de constater que l’auteur valorise la figure de l’épouse pauvre, de la Griselda, comme le note Constance Jordan, qui ajoute qu’en étant « à la fois fasciné et épouvanté par la possibilité d’une inversion des pouvoirs dans le mariage, [Marconville] contredit sa description précédente d’une « amitié conjugale » en insistant sur la sujétion absolue de l’épouse[53] ». Cette contradiction est révélatrice. La femme demeure cette altérité que l’on craint, – peut-être plus pour ses prouesses que pour ses vices –, qu’il faut étroitement surveiller et administrer. Si Marconville ne conclut pas vraiment sur la question d’une « supériorité » générale de l’homme sur la femme, comme l’avait fait André Tiraqueau, du moins partage-t-il l’idée que le mari, et l’homme en général, a « un rôle protecteur[54] » de la femme.
Finalement, c’est cet ensemble de contradictions et d’antithèses même qui permet de se projeter dans l’imaginaire masculin de l’époque en ce qui concerne la femme. La déviance redoutée, c’est moins celle de la femme-monstre, figure que Marconville a largement illustré dans ses recueils de faits merveilleux ou horribles, que celle de la femme-rivale. La réponse à la possibilité d’un dépassement de l’homme par la femme, c’est une domination, ou au moins un contrôle, assurés dans le cadre du mariage et justifiés par le religieux : la sentence « la femme qui use de l’habit viril est en abomination devant Dieu » peut être lue dans un sens plus large comme l’énonciation de cette peur d’un féminin égal ou supérieur, et le revendiquant. Cette forme de protection plus ou moins consciente transparait aussi dans le traité qui nous occupe : point trop n’en faut en matière de sagesse féminine, restez à votre place : telle semble être l’idée sous-jacente aux chapitres sur les femmes « doctes », qui certes peuvent apporter beaucoup, mais risquent de supplanter des hommes qui ne sont pas enclins à l’accepter. Les femmes qui dépassent de manière extraordinaire leur rang ne sont tolérées que si leur cas reste exceptionnel, ou profite au bien public, sans que la position de l’homme ne soit fondamentalement remise en cause : autrement se réaffirme l’interdiction de la femme de contribuer aux questions publiques et aux affaires importantes de l’Eglise. Les discours et justification moraux agissent ainsi comme auxiliaires de la perpétuation d’un ordre patriarcal, à l’échelle de la société comme à celle de la famille.
Si la position de Marconville est plus claire dans son traité sur le mariage, c’est moins souvent le cas dans son essai sur les femmes ; d’où le fait que Marconville soit considéré par certains critiques comme « un précurseur du féminisme[55] », et par d’autres comme étant « parmi les misogynes les plus décidés[56] »… René Courtin, un contemporain de Marconville, mettait quand à lui surtout en avant l’aspect négatif, en évoquant « le beau traité de l’abus et mauvaisté des femmes, où [Marconville] a monstré la gentillesse de son esprit[57]. » Evelyne Berriot-Salvadore relève une référence à Marconville, en tant qu’argument d’autorité pour « dénoncer les errances féminines et « démontrer » leur fatale disposition au mal[58], dans le Discours tragicque et lamentable de la cruauté inhumaine d’une femme vefve[59], Lyon, 1604, p.5-6. Ce même texte se réfère à notre auteur pour montrer les dangers causés par « la trop grande science des femmes[60] ». Marconville est aussi cité, ou repris, parfois à la lettre, sans indication (comme il était commun de le faire alors, et de la même façon que Marconville avait lui-même procédé), lorsqu’il s’agit de valoriser les femmes, ou d’intégrer ses exemples à une démonstration d’autre nature[61]. Aussi, pour Michael Andrew Screech, la seule conclusion possible serait-elle « un grand point d’interrogation[62] », par manque d’assurance quant à l’interprétation correcte des occasions où les conceptions propres de Jean de Marconville apparaissent derrière le discours ressassé ou repris aux autres auteurs.
D’autres lectures du texte peuvent cependant être proposées, par exemple en se repenchant sur la signification des divisions du livre, sur l’inscription dans le texte, malgré tout, d’une pensée propre de l’auteur, et en se rappelant de l’intention morale qu’explique vouloir y distiller l’écrivain. Ce que la première partie permet de montrer, c’est qu’il a existé, et qu’il existe encore à l’époque de la rédaction ou dans un passé tout récent, des femmes qui ont montré par un tempérament, des actes et des inventions (etc.), exceptionnels, l’inanité de l’argument excessif des contempteurs du « sexe foeminin » revenant à les placer toutes à la même école d’une infériorité et/ou d’une corruptibilité indépassables. Qui, en effet, renierait la valeur, la bravoure, « la noblesse et générosité de cœur » des femmes de Lacédémone qui « sort[ies] virilement […] vainquirent l’ennemi[63] », des femmes thraces « endur[ant d’être] marquées au front d’un fer chault[64] » pour prouver leur valeur ? Les critiques excessives des « venimeuses langues » sont par conséquent infondées. Dans la deuxième partie, Marconville justifie la portée morale de son ouvrage en voulant prouver que la femme a cependant davantage besoin d’aide et de garde-fous que l’homme pour suivre la voie du bien[65], en tant qu’elle tomberait plus aisément dans des travers potentiellement pires que leurs équivalents masculins. Si misogynie il y a – à notre regard – c’est sans doute, en particulier, dans cet élément qu’elle réside ; comme le note Jean Vignes, « la conviction [de Marconville est] essentiellement misogyne, mais d’une misogynie qui ne se perçoit pas comme telle ». Puisqu’il combat les « mysogenes ennemys du sexe foeminin », Marconville témoigne d’une avancée dans l’évolution de la Querelle, à travers une position plus modérée que certains de ses devanciers, quoique plus ambiguë également. Marconville reconnait l’erreur de « ceux qui s’efforcent par tous moyens d’amoindrir l’honneur des femmes […] les taxant [en général] de légèreté, crainte et pusillanimité[66] » et place le débat moins sur le plan direct de défauts immédiatement perceptibles que sur celui d’une inclination particulière au mal des femmes, générale mais pas absolue[67]. Aussi, sur le plan social, y-a-t-il eu des femmes qui ont sauvé des républiques, abattu des tyrans, des femmes sans lesquelles « toute l’industrie et puissance des hommes n’avait pu donner ordre sans le moien de [leur] noble[sse] et courage[][68] » ; aussi y-a-t-il eu aussi Jeanne d’Arc dont Marconville souligne la
« magnanimité, [les] proesses, vertus tres admirables, et jusques icy assez mal considérées ; je ne veulx passer soubs silence la singularité et l’excellence d’icelle[69] »
mais même ces cas très valorisés[70] sont parfois considérés d’un regard torve, à travers un double langage, une ironie plus ou moins potentielle : « c’est donc chose bien miraculeuse, que Dieu soubs une personne foeminine a voulu donner le souverain secours au peuple Gallique[71] » ; et ils n’empêchent pas l’auteur d’affirmer que :
« quand le sexe féminin veut appliquer l’esprit et l’artifice que la nature lui a donnés à autre chose qu’à la vertu, […] il ne se trouve fraude, imposture ni trahison, à quoi il ne parvienne. C’est […] pourquoi on les a forcloses de l’entremise des choses ecclésiastiques et repoussées de l’administration publique [:] il ne lui [la femme] appartient de se mêler des affaires de la république à cause de sa trop grande légèreté, inconstance et mutabilité »
C’est-à-dire que les femmes sont potentiellement des « agent[s] de désordre[72] », qui « semblent plus avoir été produites, sur la terre, pour entretenir volupté et oisiveté que pour traiter négoces et affaires d’importance[73] » qu’elles risquent d’entacher. La figure féminine doit donc rester à l’arrière-plan ; l’idéal n’est pas que la femme soit inculte, pas ou peu éduquée (n’oublions pas la valorisation de la figure de la femme lectrice dans la dédicace), mais qu’elle le soit dans la bonne mesure. On ressent ainsi, dans la première partie, une valorisation du cas des « exemples d’hommes qui ont faict grandes œuvres de vertu par les merites de leurs femmes[74]. » La femme est considérée comme « l’ayde dont l’homme avait besoin » ; sa position normale, c’est celle d’un auxiliaire. Comme tout traité moral, celui de Marconville est révélateur des conceptions masculines du temps sur le genre féminin, qu’il veut légiférer, avec en arrière-plan des mobiles pas toujours justifiables sur le seul plan éthique, et, en contrepartie, le danger de ne plus pouvoir considérer les femmes autrement qu’« au travers de cette inquiétante (et copieuse) médiation d’une série de prismes déformant[] [75] » la réalité[76] : le « passage du plan moral au plan esthétique » qu’ambitionne Marconville selon Carr semble donc apporter d’autres embarras plutôt qu’une solution ; il accroît l’ambigüité plutôt qu’il ne la résout[77].
Ce qui apparait chez Marconville, c’est, comme dans d’autres écrits du temps que l’on ne peut ranger tout à fait dans la case des misogynes ou des « gynophiles », un ensemble de tensions de la part des hommes, qui se contredisent aisément entre le papier et la réalité, la théorie et la pratique, et parfois dans le cadre théorique lui-même. D’où une ambigüité dans le cadre de la problématique place des femmes par rapport au pouvoir, politique, intellectuel ou religieux – parfois glorifiée lorsqu’elle remonte à l’Antiquité, ou concerne des personnages exceptionnels, mais refusée d’une manière générale[78] – qui témoigne à la fois des apports et des apories du XVIe siècle sur la question, que cristallisent efficacement les traités de Marconville.
Travaux cités
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Marconville, Jean de. De la bonté et mauvaistié des femmes. Édité par Richard A. Carr. Paris: Honoré Champion, 2000.
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Niceron, Jean Pierre. Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la république des lettres, avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages. 1736.
Pérouse, Gabirel-André. « Note de lecture : Jean de Marconville, De la bonté et mauvaiseté des femmes éd. critique établie et annotée par Richard A ». Carr. Vol. 51 , n°1, chez Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, de Collectif, 295-296. 2000.
Sainean, Lazare. L’influence et la réputation de Rabelais : interprètes, lecteurs et imitateurs, un rabelaisien (Marnix de Sainte-Aldegonde). Paris: J. Gamber, 1930.
Screech, Michael Andrew. Etudes rabelaisiennes. Vol. Volume 139 de Travaux d’humanisme et Renaissance. Librairie Droz, 1974.
Simonin, Michel. Vivre de sa plume au XVIe siècle. Librairie Droz, 1992.
Vignes, Jean. Note de lecture sur l’édition de Carr. Vol. 53, chez L’information littéraire, de Collectif. 2001.
[1] Bibliothèque Chartraine, XIXe siècle.
[2] « Jean de Marconville aurait pu être un premier Montaigne [bien qu’il n’ait pas] rassemblé le fruit de ses réflexions en une somme comparable aux Essais », (Vignes 2001).
[3] (Niceron 1736).
[4] Nous avons utilisé comme édition de référence celle de Richard A. Carr (voir bibliographie).
[5] On songe au De mulieribus claribus de Boccace, une des sources de la Querelle.
[6] Chapitre 9, 27 v°, p.91.
[7] Le mot revient souvent pour qualifier les femmes célèbres ou leurs actes : il faut « reconnaître la prudence merveilleuse d’aucune femme » (chapitre 11, 35 v°, p.107), sa « constance merveilleuse et superhumaine » (titre du chapitre 12).
[8] Nous avons utilisé la version numérique de l’ouvrage proposée par Gallica à l’adresse suivante http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k792333. Il s’agit de l’édition de 1573 (Lyon, Benoît Rigaud).
[9] Chapitre 10, 35, p.107.
[10] (Céard 1999), p.85.
[11] (Céard 1999), p.85.
[12] (Boaistuau 1981), p.10.
[13] La Maniere de bien policer la Republique Chrestienne, P., J. Dallier, 1562, fol. ii v° ; cité in (Simonin 1992) p.72 note 44.
[14] Marconville (qui le définitif comme un « grand vaisseau d’érudition ») s’inspire entre autres de son Théâtre du Monde.
[15] (Sainean 1930), p.198.
[16] Chapitre 2.
[17] Par exemple en ce qui concerne les citations d’Hippocrate dans le premier chapitre : « les personnes composées de chair plus molle et délicate, sont aussi de meilleur esprit et entendement que les autres » (p.48). Ce passage n’était pas dans le texte originel spécifiquement destiné à caractériser les femmes.
[18] Dans l’introduction à son édition du texte, Françoise Koehler caractérise l’adresse comme « un traité de civilité, ou du moins ce que Jean de Marconville considère comme tel », (Marconville et Koehler, De la bonté et mauvaiseté des femmes s.d.), p.7.
[19] (Marconville, De la bonté et mauvaistié des femmes 2000), 2v°-3, p.29-30.
[20] 3 v°.
[21] Chapitre 18, 58 r°.
[22] 4. Nous soulignons.
[23] 5, p.33.
[24] (Berriot-Salvadore 1990), p.385.
[25] (Kupertu-Tsur 2002).
[26] (Clark 1980), p.108.
[27] (Screech 1974), p.12.
[28] Chapitre 1, 6 v°., p.36.
[29] Reprise de la Genèse 3 :15. François de Billon avait également valorisé le rapport de la génération à la victoire du bien, (Angenot 1977), p.34.
[30] Chapitre 1, 7 v°, p.38.
[31] 7, p.38. Nous soulignons.
[32] Chapitre 5, 15 v°.
[33] Carr fait remarquer que, lorsque Marconville cite un devancier, le plus souvent, la source est passée sous silence.
[34] Dans le chapitre sur Jeanne d’Arc.
[35] Evelyne Berriot-Salvadore met en avant, entre autres, l’interprétation libre de propos d’Aristote, (Berriot-Salvadore 1990), p.46.
[36] 13.
[37] (Larsen 2000), p.1193.
[38] p.132.
[39] (Marconville, De la bonté et mauvaistié des femmes 2000) p.132, note 1.
[40] Thèse soutenue par les Misogynes dans le Livre du Courtisan de Baldassar Castiglion, (Bottineau 2006), p.27.
[41] « Il n’est rien plus que femme envieux,
Ne qui soit plus pour mentir habile :
Pour décevoir autant jeunes que vieux,
David, Salomon, Sampson, Vergile. »
[42] Un long chapitre est consacré aux figures de sorcières et empoisonneuses, mais il est loin de présenter ces caractéristiques comme consubstantielles au fait d’être femme…
[43] Révélatrice est son intervention personnelle, dans la deuxième partie (donc, normalement, négative) : critiquant les « planteurs de bourdes », il écrit : « moy je tiens pour une vérité certaine […] que la femme est aussi bien capable de raison et sagesse que l’homme. » Nous soulignons.
[44] (Berriot-Salvadore 1990), p.353.
[45] (Carlin 2001), p.96.
[46] (Screech 1974), p.13.
[47] (Daumas 2004), p.22.
[48] (Jordan 1990), p.188.
[49] D’où les exemples de la loi salique et des règles de l’héritage à Rome, qui excluent les femmes ou bien les laissent dans un rôle d’arrière-plan.
[50] (Daumas 2004), p.28.
[51] (Kritzman 1991), p.29.
[52] (Beaulieu 2005), p.108.
[53] (Jordan 1990), p.189. Nous traduisons.
[54] (Claude 2000).
[55] (Screech 1974), p.13.
[56] (Pérouse 2000), p.296.
[57] (Courtin 1593) ; cité in (Vignes 2001).
[58] (Berriot-Salvadore 1990), p.466.
[59] Titre complet : Discours tragique et lamentable de la cruauté inhumaine d’une femme vefve, laquelle estant remonstree par son propre fils de sa paillardise et méchante vie, par vindicte, l’empoisonne, poignarde, couppe sa teste, et tous ses autres membres. Anonyme.
[60] (Berriot-Salvadore 1990), p.78.
[61] Par exemple, le compilateur Jean des Caurres, d’Amiens, reprend le chapitre sur les femmes savantes afin de montrer la précellence de l’étude des lettres sur les autres sciences, (Berriot-Salvadore 1990), p.361.
[62] (Screech 1974), p.13.
[63] Chap. 5, 17.
[64] Ibid.
[65] (Vignes 2001).
[66] Chapitre 5, 17.
[67] Et qui n’est pas censée se réaliser obligatoirement selon les modalités évoquées dans la deuxième partie.
[68] Chapitre 6, 18.
[69] Chapitre 7, 20 v°, p.73.
[70] En même temps, le cas de Jeanne d’Arc est ambigu : Jean de Marconville évoque les raisons énoncées par ses détracteurs avant d’ajouter qu’il « laisse […] le jugement […] aux plus sçavants » que lui, signe peut-être moins d’un vœu de non-conclusion que d’une forme d’indication qu’il s’agit d’un cas exceptionnel pas forcément à suivre.
[71] 21, p.75. Le « miracle » porte moins sur l’aide divine, que sur le fait que c’est par le biais d’une femme qu’elle se concrétise.
[72] (Beaulieu 2005), p.127.
[73] (Marconville et Koehler, De la bonté et mauvaiseté des femmes s.d.), p.101. Nous soulignons.
[74] Chapitre 8, 24 v°, p.83.
[75] (Kupertu-Tsur 2002).
[76] C’est le risque de tout discours normatif moralisant, mais il semble effectivement plus prégnant dans le cas de la Querelle des femmes, étant donné les applications concrètes des théories sur le sujet. La Querelle a beau avoir une large part de jeu littéraire et rhétorique, on ne peut nier l’existence de répercutions sociales.
[77] C’est tout le problème de la confrontation des deux antithèses dans le texte, qui donne un portrait global de la femme contrasté : « vaisseau fragile et infirme », elle est en même temps « douée de plus grande dignité et prééminence que l’homme »… à un autre endroit considéré comme toutefois plus « noble » et « intelligent ».
[78] (Bottineau 2006), p.32.